CONTROVERSE : LE JEÛNE EST-IL UNE PRATIQUE THÉRAPEUTIQUE ?

Nous avons durant une semaine relayé la marche des médecins en faveur du jeûne. Pourquoi s’intéresser à cette pratique controversée ?

 

Une piste préventive et thérapeutique sérieuse

Bien que scientifiquement non prouvé, le jeûne est une méthode préconisée par un nombre non négligeable de médecins et de scientifiques reconnus. Aux Etats-Unis, l'équipe du biologiste Valter Longo a publié en 2008 une étude (Raffaghello et al. 2008), réalisée sur des souris, démontrant que le jeûne préserve les cellules saines en cas de traitement du cancer par chimiothérapie. Dans d’autre pays comme l’Allemagne, on retrouve l’utilisation du jeûne dans des hôpitaux universitaires. De plus, là-bas, des cures de 12 à 14 jours seraient même remboursées par la sécurité sociale.[1]

Depuis, les années 2010, la question du jeûne évolue en France. En 2014, L’ Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) a publié un rapport dans lequel il est écrit « Jeûner induit des modifications métaboliques qui pourraient être utilisées à bon escient dans diverses situations pathologiques. » De même en 2019, Chloée Orioli écrit, dans sa thèse de médecine que le jeûne intermittent pourrait être « explorer comme intervention non-médicamenteuse […] dans la prévention des pathologies chroniques rencontrées en médecine générale. »[2]

recherche médicale jeûne
Les limites

Malgré ces écrits encourageants et un intérêt grandissant pour cette pratique, même au sein du milieu médical, dans notre pays, le jeûne fait souvent l’objet d’alerte. D’une part, parce qu’il peut être vu comme dangereux pour la santé et d’autre part parce qu’il est parfois associé à une dimension spirituelle qui laisse la porte ouverte à des dérives sectaires.  

Toujours selon le rapport de l’INSERM, les études réalisées sur le jeûne ne montrent pas d’effets indésirables graves. Cependant, le faible nombre d’études ainsi que le nombre modeste de patients par études invite à la prudence. De même, le jeûne est contre-indiqué pour certaines personnes telles que les personnes carencées, les personnes âgées, les femmes enceintes, les personnes anorexiques, les personnes souffrant de diabètes de type 1 et d’autres encore.

Par ailleurs, on peut se questionner sur les intérêts de certains centres de jeûne. Parmi eux, on trouve la clinique Buchinger-Wilhelmi, en Allemagne. Présentée comme « La capitale mondiale du jeûne thérapeutique » ou encore comme la « référence mondiale en la matière. », ses tarifs nous ont laissé circonspect. En effet, la location de la chambre « standard », pour le parcours « classique » de 21 jours, coûte 6 930 euros. Pour un séjour « royal classique » de 28 jours dans la plus belle suite, il vous en coutera 62 580 euros ; de quoi vous donner de bonnes raisons de vous sentir délesté !

Un nouveau rapport au soin qui mérite d’être étudié.
Femme bouillon légume

Au vue de la littérature sur le sujet, Il est difficile de conclure simplement de manière favorable à l’égard de cette pratique. Comme le souligne l’INSERM, il y a un manque d’étude en occident, respectant la méthodologie scientifique. Cela ne permet pas d’affirmer de façon solide les bénéfices du jeûne.

Pourtant, le jeûne parait un moyen intéressant, une piste potentielle, parmi d’autres, pour sortir d’une médecine médicamenteuse. En jeûnant, pourrions-nous entrer dans un rapport davantage préventif, moins consumériste et peut-être plus actif avec de notre corps et notre santé ?
Afin de répondre à cette question, et de pouvoir envisager le jeûne comme une pratique faisant partie de nos techniques de soin, davantage de recherches sur le sujet sont à espérer.


Notre dossier sur le jeûne :
Nous avons publié un dossier en 3 parties sur cette pratique, retrouvez nos autres chapitres ci-dessous : 

  1. Qu'est-ce que le jeûne?
  2. Une brève histoire du jeûne
  3. Controverse : Le jeûne est-il une pratique thérapeutique?

[1] https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/en-allemagne-le-jeune-therapeutique-est-tres-pratique-et-parfois-meme-rembourse-7771093626

[2] Thèse en médecine de Chloé Orioli, Perspectives de l’utilisation d’un jeûne intermittent préventif dans l’avènement des pathologies chroniques rencontrées au cabinet du médecin généraliste, 2019, p 17.

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