Léo Etcheverry, moteur d’Avilab

Léo Etcheverry n'est pas qu'un simple membre du Fablab d'Avignon, il en est le courant fort. Une rencontre avec cet autodidacte passionné d'électronique et de travaux manuels révèle bien plus qu'un atelier de bricolage.

Leo Etcheverry, avilab
Leo Etcheverry, gérant du Fablab d'Avignon © Avilab

Nous avions rendez-vous le 25 mai. Léo Etcheverry, gérant du Fablab d'Avignon, me précise bien qu'il n'en est pas le créateur. Il va me présenter l'association Avilab et son nouveau local. « Un Fablab est un espace collectif invitant chacun à partager et réaliser ses idées - une 'do-ocratie', où celui qui agit a raison. » me racontera Léo un peu plus tard.

Au 8 rue Danton, Léo, la trentaine, m'accueille en tenue de ville, couvert de poussière des pieds à la tête. Il s’époussette et m'escorte dans la cour intérieure d'une copropriété style années 70. Il me montre son travail. Il est fier d'installer lui-même le tableau électrique. « C'est un de nos membres qui m'a montré ça. Un électricien de 70 ans à la retraite. »

Enthousiaste, il me fait visiter trois parkings à voiture dans la cour intérieure d'une copropriété : sols en béton, murs en briques creuses. « J'ai acheté le local pour qu’on ait une pérennité, et qu’on sache qu’on est là pour au moins 5 ou 10 ans [...] Tu vois ici, dit-il en pointant le mur du fond, je vais faire une étagère sur mesure. Je vais mettre 300, 400€. On ne peut pas se permettre de payer un meuble sur mesure tous les 2 ans. »

Autodidacte, Léo Etcheverry est passionné d'électronique et de travaux manuels : Arduino, imprimante laser, boitier électrique... Il ne rechigne pas aux travaux. « On va refaire les murs, me dit Léo, celui-ci, on va le retirer. »

Je l’interroge sur son apprentissage. « À chaque fois que je dois faire quelque chose, je me documente sur la méthode. Je passe au moins une journée à apprendre pour chaque journée de travail. »

Avilab a été créé en octobre 2015. Ils ont déménagé au moins trois fois depuis cette date. L'achat d'un local, c'est forcément un événement. « Je l'ai acheté en mon nom propre, et je vais le mettre à disposition du Fablab, indique Léo, c'était plus simple comme ça. »

Je lui propose de prendre un verre pour faire l'interview plus à notre aise. Au café, il s'installe, amusé par une banquette très colorée.

C'est quoi un Fablab ?   
Le Fablab, c’est un lieu où on partage des savoir-faire numériques. Un lieu où tu peux être créatif. Les Fablabs ont été créés par le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et donc on a un gros historique dans la tech. Ça a super bien pris, ils rajoutent le côté documentation. Non seulement on fait un projet, mais en plus, on le décrit et on en parle pour pouvoir le transmettre à d’autres.

Les Fablabs se créent dans les associations, les universités, les entreprises ?
Malheureusement oui. C’est toujours un peu saoulant quand j’entends… Leroy Merlin par exemple qui dit « Je crée mon Fablab, mais c’est que pour nos clients. » ou Airbus « Je crée mon Fablab, mais c’est que pour les employés. » Dans la charte, on est ouvert deux jours par semaine minimum au public. Un Fablab qui n’est pas ouvert au public, pour moi ce n’est pas un Fablab. Appelle-le autrement. On est pote, on peut faire des choses ensemble, pas de problème, mais appelle-le différemment.

Quels sont les principes des Fablabs ? 
La devise, c'est Learn, Make, Share (Apprendre, Fabriquer, Partager), c’est autour de la connaissance, de la science, du vivre ensemble, de la créativité, faire avec les autres. Sur Avignon, j’aime bien l’intergénérationnel, aider les jeunes, les enfants, parce que quand on est enfant, on n'a pas généralement accès à un laboratoire pour démonter des choses électroniques. C’est un bon moyen de démonter un appareil, même s’ils le cassent. Limite tant mieux s’ils le cassent, ils apprennent quelque chose. C’est un bon moyen de se déstresser, de se relaxer, d’apprendre la patience aussi.

Vous avez des projets avec la région, la commune ?
On a des projets dans les centres éducatifs fermés (des centres de détention pour jeunes délinquants) avec les centres sociaux (centres de loisirs par exemple). Pour les enfants, j’aime bien faire du bricolage simple. Je pense que c’est important de toucher à la matière, de développer sa proprioception(1), sa motricité fine.

Quel est le rapport des Fablabs avec l’écologie ?
Fais-tu un lien direct ? Oui, il y a un lien parce que ça nous tient tous à cœur au Fablab. Après, nous, ce sont plus des petits gestes du quotidien, les actions comme les repair-café. Si tu veux réparer une vitre cassée de ton téléphone, plutôt que de payer 100€ à une boutique, et rester dans un processus de consommation, on t’apporte la compétence

L’autre aspect écologique, c’est aussi le fait de fabriquer local. Ça fait marcher les circuits courts. On s’adresse aux petits entrepreneurs, qui peuvent venir chez nous. Le Fablab c’est aussi beaucoup la création et l’innovation.

Tu as des exemples d’objets créés par les Fablabs ?
J’aime bien cet exemple d’une maison paramétrique qui a été conçue dans les Fablabs. Ça a été fait à Barcelone, lors de l’exposition internationale des Fablabs. C’est une maison que tu vas générer sur ordinateur, et qui va « se construire toute seule ». Il y a un logiciel qui génère le plan d’une maison en bois, qui sera coupée comme une coque de bateau, et le toit est orienté selon ta région pour être toujours face au soleil. C’est une maison entièrement sous panneaux photovoltaïques.


(1) proprioception : désigne la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps.

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