L’idée fondatrice de Terre de liens a 20 ans et témoigne de sa pertinence

L’association Terre de liens a vu le jour en 2003 pour réduire les difficultés liées au foncier, inhérentes à l’installation en agriculture. D’autant plus si elle est biologique.

Ferme collective La Tournerie (Limousin)

En plus de la dégradation des sols, de l’eau, de la biodiversité dont la raréfaction des insectes et donc des oiseaux, l’industrialisation agricole avide de gigantisme a mené à la disparition des petites fermes. Jusqu’à afficher aujourd’hui, pour ceux qui en ont bénéficié, une surface moyenne de 70 ha.

Bien que la moitié des agriculteurs vont atteindre l’âge de la retraite dans les dix ans, les exploitations agricoles qui se libèrent sont la plupart du temps trop chères et vont encore grossir les fermes voisines. Quand elles ne sont pas vendues à des fonds de pension américains ou des Chinois. Dix pour cent des terres agricoles françaises sont dans les mains de financiers !

Pour sortir de ce cercle vicieux que les gouvernements successifs n’ont, pour le moins, pas découragé, les fondateurs de l’association Terre de liens ont eu l’idée de faire appel à l’épargne citoyenne pour acheter des fermes et les donner en location aux paysannes et paysans en herbe. Autant de terres préservées qui échapperont à la spéculation et seront régénérées pour produire sainement. Et qui pourront facilement changer de mains à la retraite ou quand la vocation ne sera plus au rendez-vous.

L’association mûrit son projet et créé en 2006 l’outil de gestion financière, la Foncière Terre de liens. En 2008, après accord de l’autorité des marchés financiers, elle lance sa première « offre au public de titres financiers » (OPTF) sur la base d’une action à 100 € et engrange 3 M€. La même année, on compte huit fermes en propriété. Le dispositif en place va au fil des ans apprendre, tisser sa toile au niveau national et amplifier son action jusqu’à totaliser à fin 2022 la propriété de 286 fermes pour 8500 ha de terres agricoles et 450 personnes motivées installées en agriculture biologique. Avec une perspective 2023 de 50 à 60 achats supplémentaires, ils lancent leur quinzième OPTF avec l’objectif de collecter 22 M€.

On parle aujourd’hui du « Mouvement Terre de liens » qui compte quelque 38 000 membres. On peut participer à ce projet prometteur de plusieurs manières. 1) Adhérer simplement à une association territoriale en s’y impliquant ou non, il y en a 20, au sein desquelles se sont formés des groupes locaux (une centaine) qui, en lien avec les salariés, participent bénévolement de diverses manières aux démarches nombreuses et compliquées qui précèdent les acquisitions. Elles participent aussi au suivi local de l’installation des locataires. 2) On peut aussi faire une donation ou un leg à la Fondation Terre de liens reconnue d’utilité publique (défiscalisation des dons) pour gérer les fermes reçues en don et pour participer au financement du réseau devenu Fédération nationale des associations installées dans les 20 Régions. 3) On peut enfin, acheter des actions à la foncière dans la cadre des OPTF qui donnent droit à réduction d’impôts de 25 % si l’on gèle ses avoirs au moins 5 ans.

Reconnue par de nombreuses instances, Terre de liens intervient en plaidoyer à différents niveaux géographiques. Auprès des populations et des élus locaux d’abord pour sensibiliser à la relocalisation et la qualité de l’alimentation. En tant qu’organisme national à vocation agricole et rural, il siège dans les commissions départementales de préservation des espaces naturels agricoles et forestiers. Il est aussi reconnu depuis 2020 comme un Service d’intérêt économique général (mandat GIEG) : ses actionnaires bénéficient d’une réduction d’impôt de 25 % au lieu des 18 %.

Pour accompagner son fort développement, Terre de liens a conçu un site internet dédié, Objectif Terre, qui facilite la mise en lien entre offre et demande de fermes et publie les appels à financements solidaires affectés à une ferme ou un territoire. Un autre site offre un centre de ressources et de formation où l’on trouve la Charte, « valeurs et agriculture défendue par Terre de liens ».

Fort d’une expertise liée à l’ampleur qu’a pris le projet mais aussi aux valeurs que portent les bénéficiaires occupant les fermes en bio, le mouvement Terre de liens va plus loin dans sa démarche. Trois programmes sont portés par la fondation visant à améliorer le respect de l’environnement des différents sites en termes de biodiversité, de gestion de l’eau et de production d’énergies renouvelables. On trouve tous les détails sur leur site internet notamment dans le rapport très copieux d’activités 2022.

Avec un capital social de l’ordre de 140 M€ dans les mains de quelque 20 000 actionnaires dont 98 % de personnes physiques, un compte d’exploitation globalement équilibré et une bonne trésorerie, le Mouvement Terre de Liens a le vent en poupe. Sans nier les difficultés liées à la complexité de l’objet social et de la grande dispersion des sites et des équipes à gérer, il témoigne des possibilités dont la société civile dispose pour reprendre le gouvernail et trouver un nouveau cap dans la tourmente. Le modèle étant reproductible dans plein d’autres situations et besoins.

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