Alternatives pour un changement nécessaire

Il est possible d’envisager une transition sociétale radicale de deux manières, dont il est primordial d’analyser le réalisme et l’efficacité, étant donné l’urgence. Et il se trouve que ces 2 visions viennent se télescoper à la lecture de 2 livres assez récents qui témoignent aussi de l’actualité du sujet.

Pour faire court, il y a d’abord l’espoir récurrent d’un grand soir. Il reste le fond de commerce des partis politiques dits progressistes et des syndicats. Dans son roman, Paresse pour tous, Hadrien Klent réussit un grand soir de rêve ! Seulement voilà, c’est une fiction, très enthousiasmante certes, et un très bon moment de lecture. Emilien Long, le personnage principal, prix Nobel d’économie, sort un nouveau livre, Le droit à la paresse au XXIème siècle. Le thème, promouvoir la semaine de 15 heures, très bien étayé par un Nobel, forcément cela fait grand bruit. Tant et si bien que, en allant vite, poussé par ses amis, il se lance en tant que candidat à la présidentielle avec la réduction drastique du temps de travail comme horizon… et gagne. La campagne faite d’explications bien argumentées pour convaincre est un régal. On s’y laisse prendre et finalement, ce n’est peut-être pas aussi utopique qu’il n’y paraît.

Il en va tout autrement avec Révolutionner la Gauche, une autre Gauche pour un autre monde de Hervé Roussel Dessartre qui a bien les pieds sur terre et où Demain en mains se retrouve bien.

Qui sommes-nous ? L’auteur répond : « L’être humain (…) est un être conditionné, prisonnier de son bocal normalisateur, et en même temps un individu acteur et créateur de sa vie et de son histoire » le bocal normalisateur étant : « l’hégémonie de l’Empire libéral dont nous devons nous extraire jusque dans ses fondamentaux pour construire une vie nouvelle ».

Hervé Roussel démontre avec forces citations que nous sommes très loin d’être en ordre de marche pour faire la révolution. Partis et syndicats se fourvoient : « Ce n’est pas en opérant une nationalisation partielle ou en généralisant la participation des travailleurs à la gestion et au bénéfice des entreprises qu’on pourra changer ce système de domination ». Et par ailleurs, les révolutions réussies sont la fin d’un processus préparateur et non le début. L’échec de celle d’Octobre 1917 et celle de 1789, relativement réussie bien que dévoyée, en témoignent.

C’est donc dans la transformation active par nous-même que les choses doivent commencer. « Il n’y a pas à remplacer un dominant par un autre, (…), il y a à remplacer ce qui a engendré, permis la domination, il y a à remplacer la société elle-même », enfin, « le véritable combat émancipateur est de se libérer de l’enfer de la marchandisation qui entretient les rapports de domination (…) ». L’éradication du consumérisme est en filigrane dans les objectifs d’où nos atomes crochus. Impossible de résumer ses analyses dans un édito. Elles amènent à prouver que la voie à suivre passe par le « faire société » et la réhabilitation des « communs » et que le chemin ne sera pas de tout repos.

Bien choisie par l’auteur, une citation de Jean Jaurès (1859-1914) pour conclure : « Que tous les hommes passent, de l’état de concurrence brutale et de conflit, à l’état de coopération, que la masse s’élève, de la passivité économique à l’initiative et la responsabilité, que toutes les énergies qui se dépensent en luttes stériles ou sauvages, se coordonnent pour une grande action commune, c’est la plus haute fin que peuvent se proposer les hommes. »

Paresse pour tous, Hadrien Klent, (Le Tripode)

Révolutionner la Gauche, Hervé Roussel-Dessartre (L’Harmattan)

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