Croissance pour les riches, ceinture pour les autres !

Les puissants dénigrent la décroissance alors qu'ils la savent inéluctable. C'est pour mieux continuer à se gaver sur le dos du peuple. Rien de nouveau sous le soleil, même avec la menace mortifère du changement climatique.

   Le groupe français Atos était leader en informatique. On en parle beaucoup suite aux protestations des souverainistes, mais pas que, qui s’offusquent du délestage en cours au profit d’un milliardaire Tchèque. Notre stratégie nucléaire serait en cause. Plus rares sont les informations sur les tambouilles internes qui ont mené à la dégringolade des cours boursiers de quelque 70 € à moins de 5 € ! Quant aux 110000 salariés, dont 10 % en France, ils sont tenus à l’écart et attendent de connaître leur sort.

C’est un article du Canard enchaîné du 18 octobre qui soulève ce cas de gabegie financière normalisée. D’abord, la préparation de la scission de l’entreprise aurait coûté quelque 400 millions d’€. Ce chiffre astronomique rémunère toujours les mêmes : consultants, sociétés de conseils, avocats d’affaires, banquiers… Pas fini. Thierry Breton, aujourd’hui Commissaire européen, après avoir dirigé Atos pendant dix ans, est considéré par beaucoup comme le principal responsable de la bérézina. L’entreprise affiche 9,5 milliards de dettes… Il a pu quand même, en partant, revendre son paquet d’actions au prix fort avant la dégringolade. Il a ainsi empoché 45,7 millions ! Et, cerise sur le gros gâteau, Atos a déboursé 20 millions pour qu’il bénéficie d’une retraite chapeau comme on dit, sorte de retraite complémentaire de 711 000 euros par an !

L’idée de relater ces tristes réalités est venue à la lecture du petit magazine, Bonne santé, que publie mensuellement un groupement de mutuelles.

Alors que depuis 2021, le 100 % santé sur les soins dentaires, les lunettes et les appareils auditifs semblait acquis (aux frais des mutualistes quand même), on y lit que la Sécurité sociale se désengage dans l’accès aux soins dentaires en réduisant sa part de remboursement de 70 à 60 %. Aux mutuelles de compléter, c’est-à-dire à nous. « C’est un nouveau coup porté au principe de solidarité et d’universalité de la sécurité sociale » conclut l’auteur. D’autres déremboursements du même ordre sont à l’étude : il faut faire des économies !

Les délais d’attente pour consulter un spécialiste, les déserts médicaux, les dépassements d’honoraires souvent opaques, les soins inutiles, voire les arnaques, les pénuries de médicaments… donnent un sentiment de dégradation convenue de notre système de santé que confirme le sondage commandé par la mutualité française en août 2023 : 8 Français sur 10 se disent inquiets dont 4 très. On est typiquement dans le scénario libéral qui nous est promis : croissance chez les très riches, décroissance pour les autres. Et tout cela en douceur parce que nos grands médias marchands maîtrisent très bien la banalisation. Le sieur Breton a son rond de serviette sur les plateaux de TV, tranquille !

Concluons par une citation de Stéphane Hessel, imprimée en marge du titre de notre magazine : « Veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers ». Ce n’est pas gagné !

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