Le climato scepticisme de solutions

Freiner des quatre fers sur la recherche de solutions une fois reconnue la réalité écologique dans toute sa gravité est une autre façon de retarder les échéances pourtant incontournables.

Terre sèche, par PXHERE
Terre sèche © PXHERE

Le dimanche, de 20 à 21 h, C POLITIQUE est une émission télévisuelle généralement intéressante. Le thème de cette semaine était « Climat, faut-il renoncer à nos libertés ? ». Cinq invité.es entourent l’animateur, Thomas Snagaroff. Dans l’ordre de conscience écologique, un professeur d’université en sciences politiques, une historienne et philosophe, une jeune journaliste au Parisien, Eloïse, jeune militante qui a vécu l’expérience de la Convention citoyenne et Dominique Bourg, professeur d’université, écologiste et auteur de nombreux ouvrages.

On peut regretter que ce genre de débat ne soit pas précédé d’un petit exercice de vérification du sens que l’on donne aux mots autour desquels va tourner la discussion. Ici, il se serait agi de rappeler ce que l’on entend par démocratie et ce que sont des vrais besoins humains.

Deux des participants, particulièrement réticents aux mesures écologiques, se sont tout au long de l’émission, réfugiés derrière le respect des droits du peuple pour justifier leur refus de règles. Sans que jamais, la question de la réalité du droit effectif des gens à choisir leur vie dans notre démocratie ne soit posée. "Oligarchie" serait pourtant plus approprié au vu de la place qu’occupent les lobbies dans les coulisses du pouvoir politique. Et aussi au vu du partage des richesses produites par tous, toutes au profit d’une minorité de gros actionnaires, au détriment d’une juste réduction du temps de travail qui pourrait transfigurer la société. Ce serait cela la démocratie.

De même, nos défenseur.se du Gilet jaune et de l’Africain n’ont rien à redire à l’existence du projet écologiquement dément de paquebot de croisière (Icon of the seas), grand comme 5 Titanic, pouvant embarquer 7600 « vacanciers » en plus des 2400 personnes composant l’équipage. Un projet fou et complètement surréaliste alors que les ports se ferment de plus à ce genre de monstre polluant. « Si ce paquebot existe, c’est que ça répond à un besoin… », aucune allusion au bourrage de crâne du marketing et au triomphe que lui feront les chaînes TV mainstreams en quête de budgets publicitaires.

Enfin, ils n’ont apparemment pas connaissance des sondages attestant qu’une grande majorité de gens ont compris et s’attendent à devoir revoir leur niveau de consommation.

Dominique Bourg a eu beaucoup de mal à recentrer la discussion sur le caractère incontournable des changements à réaliser et Eloïse à rappeler que les choix de vie restaient très ouverts à mille autres façons de faire et que, même le fétichisme de la bagnole était en cours de dépassement chez les jeunes.

Un bol d’air frais est venu de Leila, sollicitée sur les réseaux sociaux. En conclusion, l’intégralité de son propos que nous partageons bien sûr : « Sur l’idée du renoncement, pour moi ça va avec l’idée de réinventer le monde, une nouvelle société, de créer de nouveaux récits. Et du coup, on ne renonce pas, mais on change sa perception des choses, ce qui est important pour nous et rend heureux. Ma question serait : comment on crée ces nouveaux récits, comment on les diffuse largement et notamment à notre petite échelle. »