L’emploi est mort, vive le travail !

La production de nos besoins, revisités dans le cadre d’une prise de conscience à grande échelle de l’impératif de réduction de nos consommations, va offrir la possibilité de remettre le travail à sa juste place.

La sortie de la société de consommation est le passage obligé d’un encore possible maintien de la hausse de la température terrestre sous les 2 degrés, ce qui entérine déjà des conséquences dramatiques mais évitera peut-être l’emballement.

Si, comme il faut l’espérer, cette démarche volontaire de sobriété bien expliquée et comprise est d’ampleur suffisante, les productions vont être profondément remises en question quantitativement et qualitativement : les consommateurs vont retrouver leur libre-arbitre, délivré de la pression consumériste. Le règne du « Marché » et de son « Bras invisible » devrait chanceler sur ses fondements. Cette transition va très loin en ce qu’elle oblige à repenser entièrement ce que devient « la ressource humaine » qui fait tourner la machine économique. Cette révolution est inéluctable et c’est en y prenant notre part que, anticipée et maîtrisée, elle sera vertueuse et émancipatrice. Le sens, la place, le partage, la durée, la répartition des richesses produites, le temps libéré par le travail sont questionnés.

Charpente traditionnelle
Beaucoup de besoins authentiques ne sont pas mécanisables

La possibilité pour certains de se réaliser dans une activité professionnelle choisie et valorisante n’est pas la question. Mais au contraire du discours culpabilisant concernant les récentes désertions face aux emplois peu enviables que le système économique néo-libéral propose, beaucoup d’écrits démontrent que de tout temps, c’est sous la contrainte plus ou moins directe que les gens ont accepté le statut de salariés, qui plus est, attaché au machinisme. Une analyse critique de cet état de fait pourrait aider à imaginer les nouvelles organisations pour satisfaire nos besoins après transition.

Provocateur, Bernard Stiegler lance en 2015 : « L’emploi est mort, vive le travail ! ». Il dit de cette inéluctable évolution : « L’automatisation et la crise de l’emploi qu’elle apporte (…) se présentent d’abord comme une très mauvaise nouvelle ; mais, vues sous un autre angle, elles constituent aussi une très bonne nouvelle, pour autant que la négociation sociale (…) soit capable de comprendre et de concrétiser la fin de l’emploi comme la renaissance du travail, et avec lui, d’une nouvelle forme d’économie, tout aussi bien que d’une nouvelle territorialité, c’est-à-dire d’une nouvelle société.»

On assiste en effet à une dégradation continue de l’activité professionnelle, toutes catégories, ou presque, confondues. En parallèle, on parle emploi et moins travail. Régression accélérée et augmentée par l’avènement dès les années 70 de l’automatisation, des robots et du numérique. Aliénation, prolétarisation sont les mots qui reviennent pour qualifier ce qui se résume aux pertes de savoir-faire qui constituaient un métier valorisant. David Graeber analyse cette dépréciation au travers d’une multiplication d’emplois dépourvus de sens qu’il décrit dans son livre « Bullshit jobs » (Boulots inutiles) – (Les Liens qui libèrent 2018).

On pressent que l’impératif du retour à nos justes besoins devrait nous mettre en position de force pour imposer nos choix, notamment sur la durée et l’implication que nous devons consacrer au travail pour couvrir nos besoins revisités.

Le projet est enthousiasmant, on en a besoin. Il faut le partager (en même temps que cette infolettre), en discuter avec nos proches en attendant d’être en mesure d’assurer sa médiatisation massive.

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