On nous cache tout, attention au réveil !

Ariane Lavrilleux enquêtait sur des marchés illégaux avec l’Egypte. A l’occasion de la mise en examen pour violation du secret défense de la journaliste de Disclose, l’attention est attirée, d’abord sur la banalisation de logiciels espions surpuissants, puis sur certaines libéralités de l’Etat français par rapport à des pays sous l’emprise de dictateurs. Notre premier client était la Libye du colonel Kadhafi sous la présidence Sarkozy. Plus récemment, l’Egypte d’Al-Sissi et l’Arabie saoudite de Mohammed ben Salmane, tous deux bien connus pour leur mépris des droits de l'Homme, sont bons clients sous la présidence Macron.

Image empruntée. Merci à Amnesty International
Image empruntée. Merci à Amnesty International

Une enquête d’un an nommée Prédator Files, réalisée par un réseau de quinze médias européens dont Médiapart, assisté de l’ONG Amnesty international, révèle l’existence d’un réseau européen, L’Alliance Intellexa, de fabricants de logiciels espions. Ces derniers sont capables de siphonner le contenu des mobiles dans un périmètre de cinq cent mètres pour certains et de s’y installer pour longtemps si nécessaire. Le problème étant que ces sociétés contournent allègrement la réglementation avec pour conséquence, rapporte Amnesty International, que « Certains [pays] l’auraient utilisé pour porter atteinte aux droits humains, à la liberté de la presse et aux mouvements sociaux. (…) L'enquête montre comment les sociétés qui commercialisent Predator fonctionnent librement dans l’ombre, sans être contrôlées ou contraintes de rendre des comptes. » Et d’ajouter : « [Ces outils sont] fondamentalement incompatibles avec les droits de l’homme ».

Utilisées de longue date sur le plan judiciaire et encadrées par des juges, des écoutes téléphoniques assimilables à des logiciels espions permettent de mieux rendre la justice. Mais nous ferions bien d’être vigilants parce qu’il y a aussi un marché intérieur pour ces joujoux surpuissants qui ont la faveur des dictateurs. Il n’y a pas qu’eux qui cherchent à espionner leurs opposants pour garder le pouvoir. La société française Dexa a conclu avec l’Etat français, entre 2014 et 2021, 11 millions d'euros de contrats dont une partie avec les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense. Pour quoi faire ? Un débat a-t-il eu lieu ?

Face à un gouvernement qui diffère les décisions, la situation écologique s’aggravant peut mener à une situation plus explosive encore que celle des Gilets jaunes. Le choix cynique de la précarité qui s’étend plutôt que la réduction des énormes écarts de revenus va devenir insupportable. Parallèlement, les jeux olympiques sont le prétexte de mettre en place 500 caméras supplémentaires dans Paris, d’expérimenter la vidéoprotection intelligente et de déployer 11 unités de forces mobiles de 200 CRS chacune. Plus récemment, il est annoncé la création de 128 nouvelles brigades de gendarmerie d’ici 2027. Aux 90 véhicules blindés équipées de mitrailleuses commandés en 2021 s’ajoutent en quantité des armes létales ou non.

On le constate avec la criminalisation des luttes écologiques et des mouvements sociaux, les lois sont facilement détournées de leur fin, notamment celles de l’antiterrorisme. Situation complexe pour laquelle nous devrions nous préparer, non pas pour l’affrontement où nous sommes toujours perdants mais au contraire pour clamer haut et fort : on ne joue plus dans votre cour ! Et en assurer les suites.

https://www.amnesty.fr/actualites/predator-files-la-catastrophique-defaillance-de-la-reglementation-du-commerce-de-la-surveillance

https://www.mediapart.fr/journal/international/051023/predator-files-comment-la-france-aide-des-dictatures-espionner-leur-peuple

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