La question des méga-bassines ou réserves de substitution

Samedi 25 mars aura lieu une manifestation pour l’eau, contre les bassines.

bassine ou réserve de substitution

Il s’agira d’une manifestation interdite, réprimée, pourtant elle sera bel et bien là. Des bouchons sont à prévoir les 25 et 26 mars du côté des Deux Sèvres et de la Charente Maritime. Les manifestants sont déterminés.

Pourquoi ? L’État, proche de la FNSEA, syndicat majoritaire de l’agriculture productiviste, a autorisé et décidé que l’eau pouvait être privatisée au profit d’une poignée d’agriculteurs influents.

Sans les manifestations, qui aurait entendu parler de ces bassines ? Sait-on qui paye et ce que cela coûte ? Combien en termes de quantité d’eau, de coût d’exploitation et de nombre de bénéficiaires ?

Partant du constat que la sécheresse estivale est de plus en plus précoce et marquée, ces réserves d’eau sont désignées par les autorités comme une solution pour irriguer les cultures en été et s’adapter au réchauffement climatique. La Confédération paysanne, les associations environnementales comme Nature et Environnement 17 et des scientifiques alertent sur la mise en péril de millions de mètres cubes de cette ressource pour le profit des grandes exploitations intensives qui, pour beaucoup, exportent leur production et qui seront les seules raccordées aux bassines.

Une partie de ce projet se situe dans le Marais Poitevin qui a sa fonction et sa biodiversité propre. Lorsque conches et rivières sont en crues, cela nourrit les terres. Les terres enrichies nourrissent à leur tour une belle biodiversité. Elle se trouve aujourd’hui menacée par ces projets pharaoniques de prélèvements d’eaux pour des monocultures céréalières, en majorité du mais et du blé. Et surtout cela concerne seulement 5% d’agriculteurs du genre intensifs. « Le premier enjeu c’est une iniquité de traitement entre ceux qui seront reliés aux bassines et ceux qui ne le seront pas », estime Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne. En effet, la crainte est de subir des quotas ou coupure d'eau éstivale pendant que d'autres seront reliés aux bassines.

Le Mignon, rivière à Mauzé, dans le Parc régional du Marais Poitevin

Ces bassines à ciel ouvert perdront une grande quantité d’eau par évaporation ! Christian Amblard, directeur de recherche honoraire au CNRS et hydrobiologiste, donne son avis : « On remonte l’eau en surface depuis les nappes, on l’expose au soleil, on augmente sa température, ce qui conduit au développement de bactéries et de cyanobactéries dont certaines sont toxiques : on détruit la qualité de la ressource ». Mais les chiffres ne sont pas tous connus, les études pas toujours conduites. Idem pour l’impact de ces bâches plastiques, leur durée de vie etc.

Bien sûr, le Marais Poitevin n’est pas le seul concerné. Et il va y en avoir un peu partout en France, ce qui veux dire que nous sommes tous concernés, et surtout que les pompages dans la nappe, qui est déjà mise à mal par les épisodes de sécheresse, seront de plus en plus fréquents….

Ces réserves d’eaux sont financées par l’argent des contribuables, les impôts, redevances et prélèvements dans nos factures d’eau. Cela représente environ 60 millions d’euros.

voitures nombreuses de gendarmes

Lors de la dernière manifestation anti-bassines, il y a une mise en place de moyens répressifs qui pose également question. Pour celle de Sainte Soline, il y avait six hélicoptères, plus de 1700 policiers et gendarmes hébergés à l’hôtel. Une douzaine de cars de CRS, autant de véhicules plus légers. Depuis, il y a une présence de gendarmes en permanence sur les sites dits « à risque », comprenez autour de chaque bassine… 24h/24.

A l’heure du rapport du GIEC, des questions se posent en termes de modèle agricole soutenu par ce projet de bassines. L’agroécologie, plus pérenne, car elle favorise l’écoulement de l’eau dans les nappes phréatiques, du fait du travail différent avec la terre. Moins d’utilisation de machines lourdes de plusieurs tonnes, moins de tassement, moins de ruissellement. Et il y a urgence, car c’est notre avenir et celui de nos enfants, petits-enfants qui se jouent là !

Patricia Suire.

Rapport du GIEC : 3 raisons d’agir d’urgence - Greenpeace France

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