Le Masss, magasin de producteurs

En août dernier, Damien et ses collègues ont inauguré Le Masss, un magasin de producteurs situé aux confins d'Avignon. Il se pose en alternative aux circuits traditionnels. Soutenu par la Foncière Terre de liens, il privilégie la vente directe de produits locaux et bio. Il redonne aux agriculteurs le contrôle et une juste rémunération pour leur travail.

Un nouveau producteur rejoint le mass
Un nouveau producteur rejoint le collectif © Le Masss

Même si les médias traditionnels commencent à s’en lasser, la crise de l’agriculture française est toujours là. Dans le Vaucluse, une dizaine de producteurs n’ont pas attendu les manifestations pour tenter de répondre à leur problème principal : les marges des distributeurs. En août dernier, Damien et ses collègues ont ouvert Le Masss, un magasin de producteurs.

En bordure d'Avignon, installé dans les bâtiments de la ferme Saint-Joseph, Le Masss, offre une alternative aux supermarchés traditionnels. Ce projet a vu le jour après quatre ans de préparation, marquant un tournant pour ce groupe d’agriculteurs de la région. Il se distingue par son engagement à fournir des produits frais et de qualité, directement des champs à la table. Il favorise une économie circulaire et donne aux producteurs le moyen de vivre de leur activité.

Les 11 producteurs rassemblés au sein de l’association Paysans d’Avignon sont à 95% bio. Tous sont installés dans l’agglomération et alentour. Accompagnés d’une salariée, ils tiennent le magasin à tour de rôle, à la journée. « On avait envie de diversifier nos ventes et de réduire la part de demi-gros où on ne choisit pas les prix, raconte Olivier, maraîcher bio à Tarascon [...]. L’avantage, c'est de rencontrer les consommateurs, de parler de notre métier… On ne trouve ça nulle part ailleurs, sauf avec l’AMAP ».

Pour Damien et ses collègues, le magasin dépasse l’idée du commerce. C'est un moyen de reprendre le contrôle sur leur propre outil de production, où les décisions sont prises collectivement. Cette approche directe producteur-consommateur renforce le lien entre les deux parties, élimine les intermédiaires et favorise une relation plus authentique. « On cherche à développer une agriculture paysanne, en contact avec les consommateurs », souligne Matthieu, membre d’une Scop de producteurs.

L’opération financée par la Foncière de Terre de liens et la campagne participative citoyenne en cours vise aussi l’installation d’agriculteurs bio et l’amélioration de l’autonomie alimentaire du territoire. « Le mas St-Joseph, c’est un projet un peu hors norme, explique Olivier Cadart, bénévole à Terre de liens. En effet, il associe une ferme et un magasin. » Un agriculteur s’est aussi installé au Mas, et fait vivre la ferme à temps plein.

« Maintenant, ajoute Matthieu, on a plusieurs défis à relever. Que le magasin fonctionne bien, mais aussi trouver de nouveaux débouchés, notamment dans la restauration collective, grâce à la plate-forme ». Autres pistes, la vente de paniers, aux comités d’entreprise et le développement de la gamme du magasin.

Sur le même thème

  • L’après M restaure les communs

    Dans les quartiers nord de Marseille, un fast-food solidaire donne l’exemple. Cet ancien McDonald's s’est transformé en un centre de restauration sociale et d'insertion. Né de la lutte et de la résilience d'une communauté, l’après M se concrétise entre l’économie, le social et l’environnemental. Un endroit où le citoyen reprend ses droits sur les communs.
  • Pour une sécurité sociale alimentaire

    Pour aider les paysans, la Confédération paysanne, syndicat agricole qui défend une agriculture à dimension humaine respectueuse de la nature, soutient fermement l'initiative de la Sécurité Sociale de l’Alimentation (SSA) : en quoi cela consiste ?