CoopCycle contourne la Gig Economy

Cette fédération de coopératives de coursiers, offre une alternative éthique aux plateformes de livraison traditionnelles. En se basant sur un logiciel libre et un modèle “acapitaliste”, elle redéfinit les règles du jeu dans l'économie du travail à la tâche.

L'équipe Sicklo, membre de la fédération CoopCycle
L'équipe Sicklo, membre de la fédération CoopCycle © Sicklo

Créée en 2017, elle « est née de la défense des droits des travailleurs » témoigne Adrien Claude, coordinateur de l'association. Centrée sur Paris, mais présente dans le monde entier, elle s'est donné la mission de socialiser le secteur de la livraison à vélo. Son but est de créer une alternative éthique aux plateformes de livraisons en soutenant le développement des coopératives. CoopCycle, basée sur la solidarité et la coopération, est elle-même gouvernée démocratiquement par ses membres.

Au cœur de CoopCycle se trouve son logiciel libre, sous licence Coopyleft, qui facilite les relations entre les clients, les commerçants et les coursiers. En tant que plateforme ouverte et accessible, le logiciel donne aux coopératives la capacité de contrôler leurs propres opérations. Il permet aux coopératives de gérer efficacement leurs courses et sert d'interface pratique pour toutes les parties impliquées.

La particularité de CoopCycle réside dans sa licence à réciprocité, le Coopyleft. Cette licence permet la copie, la modification, et la distribution du logiciel, mais restreint son utilisation aux coopératives. « Cette licence a été faite pour questionner les pratiques dans le monde du libre, mais autant que faire se peut, pour qu'elle soit un avantage compétitif pour les coopératives », explique Adrien. Cela garantit que le logiciel ne soit pas exploité par des entreprises commerciales traditionnelles, préservant ainsi l'éthique du projet.

Acapitaliste !

Le but est de défendre un projet politique en créant un modèle économique « acapitaliste », précise Adrien. « Nous, on défend surtout qu'il est possible de faire autrement. » L'association offre non seulement des outils juridiques à ses membres, mais aussi des lieux d'accueil, comme la maison des livreurs à Bordeaux ou Paris. Face aux puissants promoteurs du travail à la tâche, Adrien claude hiérarchise : « L'adversaire principal, ce sont les grandes plates-formes, parce qu'elles sont sur un modèle capitalistique qui leur permet de brûler du cash et de ne pas forcément être rentable aujourd'hui, mais ils continuent d'être très visibles et d'inonder le marché. » Ce qui a poussé l’association à développer une forme de lobbying.

Ses échanges quotidiens avec les coursiers donnent du poids à la fédération pour plaider et influencer les lois en faveur des travailleurs de la livraison à vélo. « Le deuxième adversaire, c'est toujours eux, poursuit Adrien, mais ils ne font que s'engouffrer dans quelque chose qui est rendu possible par les pouvoirs publics. [Le gouvernement] tolère et appuie le développement de structures qui favorisent le dumping social. »

CoopCycle est conçue pour être non seulement équitable pour les travailleurs, mais également bénéfique pour les clients. Elle offre une alternative viable aux plateformes de la gig economy, en permettant aux travailleurs de contrôler leurs propres conditions de travail et garantissant aux clients un service de qualité, tout en contribuant à une économie plus juste et plus éthique. « Chez nous, quand il y a un problème, c'est géré au niveau du dispatching, il y a un vrai suivi. », témoigne Mehdi Ait Belkacem, dispatcheur chez Sicklo, membre de la fédération. « Quand le coursier à un souci, ce n'est pas à lui de gérer le problème. »

CoopCycle représente une innovation importante dans le secteur de la livraison à vélo. Son logiciel ouvert, sa licence Coopyleft unique et sa structure coopérative, mettent CoopCycle en position de redéfinir les règles du jeu du travail à la tâche.

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