Le Revenu Universel : résultats positifs

Un salaire inconditionnel à vie ? Sans travailler ! Dans le monde, des expériences positives cautionnent ce dispositif qui augmente significativement la santé, le bien-être et l’épanouissement.

Thomas Paine ©MFRB

Benoit Hamon en 2017 le voulait à hauteur de 750 euros mensuels alloué à tout.es les citoyen.nes majeur.es. Établi sur une fusion des minimas sociaux et une réforme de la fiscalité, il entendait rétablir une certaine justice sociale et lutter contre la pauvreté. Et, s'il était à hauteur de 2000 euros net par individu majeur, ne serait-ce pas mieux ? Utopique ? Irréalisable ? “Les personnes bénéficiaires ne travailleraient plus ! Les fonds seraient dépensés en frivolités et non pour de la création d’emploi ou du soin…”

Pourtant, l’émancipation et l’autonomie passent par la garantie des conditions minimales de dignité : pouvoir se laver, s’habiller proprement, habiter sans insalubrité, manger équilibré et se soigner. En 2019, l’INSEE conclut que 10,1 millions de Français vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire fixé à 1102 euros mensuel. Pour plus de justice sociale et économique, pour une égalité des chances dès le départ, plusieurs montants sont imaginés dans les études sur le revenu de base. Plusieurs façons de le financer aussi. Fusionner les prestations sociales (rsa, apl, aide à la petite enfance…) pour n’en faire qu’une. Ajouter la lutte contre l’évasion et les niches fiscales qui seraient entre 80 et 100 milliards d’euros.

Travail invisibilisé

L’idée est de séparer le travail du revenu. En effet, un travail n’est aujourd’hui valorisé par le revenu que lorsqu’il produit officiellement de la richesse monétaire. Ainsi, tout ce que produisent les bénévoles associatifs, les artistes, les mères : éleveuses des futurs acteurs de ce monde, est invisibilisé et non rémunéré monétairement. Le revenu de base, une idée qui pourrait changer nos vies, d’Olivier Le Naire et Clémentine Lebon (Actes Sud, 188p) interroge la réalité du travail.

Céline Marty, professeur agrégée de philosophie, décortique dans son œuvre Travailler moins pour vivre mieux (Dunod, 182p) la notion de travail et de productivisme. « Aujourd’hui le travail blesse, tue et pollue. Face à l’urgence sociale et écologique, nous devons collectivement choisir ce que nous voulons vraiment produire. » Le revenu universel serait une solution pour garantir la dignité et la visibilité des travailleurs qui œuvrent pour le bien commun.

Expériences aux résultats positifs

Le programme Mincome au Canada, est une expérimentation de revenu de base expérimentée de 1974 à 1979 où une population de plus de 450 000 habitant.es a reçu une redistribution de près de 500 dollars mensuels. Le postulat questionnait plusieurs points : « si un revenu annuel garanti allait inciter les gens à quitter la population active ; la façon dont un programme de revenu annuel garanti pourrait être administré ; les effets sociaux d’un tel programme sur les communautés concernées ; si un tel programme pouvait remplacer d’autres programmes d’aide sociale ». Les résultats sur la santé, l’éducation et l’oisiveté sont les suivants : baisse de la fréquentation des hôpitaux de 8,5%. Forte diminution des accidents du travail, des admissions aux urgences pour les accidents de la voie publique et violences domestiques, des maladies mentales et augmentation des soins dentaires. Les jeunes purent accéder aux études secondaires et les terminer avec plus de succès. Ils sont, avec les jeunes mères, les deux catégories à n’avoir pas réintégré ou quitté le marché du travail pour un temps. Les uns pour poursuivre leurs études, les autres pour prendre soin de leurs nourrissons.

Dans un contexte très différent, en Namibie, entre 2008 et 2012, une population villageoise a reçu également une rente. Par rapport aux villages voisins, le nombre de vols de bétails, de cambriolage a baissé de 42%, la malnutrition infantile et l’absentéisme scolaire aussi. Par ailleurs, les revenus de la communauté ont augmenté de 29% grâce à la création de micro-entreprise qui ont dynamisé le tissu socio-économique.

La structure démographique et organisationnelle de la France est difficilement transposable à cet exemple namibien. Mais, empiriquement, le résultat est bien plus positif que ce que diraient nos instincts d’enfants du capitalisme qui ont peur de voir les autres travailler moins et gagner plus. Si chacun.e a ses justes besoins garantis par le contrat social induit dans ce revenu de base, ne serions-nous tout.es pas bénéficiaires de choisir plus librement quand et comment nous travaillerions ?

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