Liberté de la presse bafouée, Démocratie en danger

La presse, 4ème pouvoir, est un fondement des systèmes démocratiques. Mettre sous pression les journalistes en recherchant leurs sources est une atteinte grave au fonctionnement démocratique.

journaliste, bouche scotchée, empêché de dire ce qu'il sait
©WikimediaCommons

Domicile perquisitionné, ordinateurs fouillés, interrogatoire de plus de 10h, 39h de garde à vue... Journaliste pour Disclose, Ariane Lavrilleux a révélé en novembre 2021 dans son article « Les mémos de la terreur » qu’une mission du renseignement français a servi la dictature militaire égyptienne pour cibler une centaine de civils présumés coupables de trafic d’armes et de drogues, exécutés par l’armée du Maréchal et Président al-Sissi. La DGSI oppose le motif de « l’appropriation et la divulgation du secret de la défense nationale ». Son but : trouver les sources qui ont porté à la connaissance de la journaliste des centaines de documents prouvant la culpabilité de l’armée française. Cette violation du « droit des protections des sources des journalistes, sans restrictions, ni exceptions », est une violation de la liberté de la presse, et une violation à la liberté d’expression définie dans l’article 10 de la convention européenne des droits de l’Homme.

En 2019 la journaliste du Monde, Ariane Chemin est convoquée par la Direction générale de la sécurité intérieure après publication d’un article. En 2022, 3 journalistes sont également auditionnés pour un article sur le trafic d’influence de l’armée. Récemment, 3 journalistes de Libération ont aussi été convoqués par la police judiciaire pour avoir publié un article sur la mort d’un jeune, tué par des policiers près de Tourcoing. Ces convocations sont qualifiées par la profession d’intimidation et inacceptables, car entrave au droit d’informer.

Ce mardi 3 octobre vont débuter les Etats généraux de l’information portés par Emmanuel Macron et attendus depuis 2022. Défenseur, dans ses discours, de la liberté de la presse, les faits le contredisent.

La France est aujourd’hui classée au 24ème rang du classement de Reporter sans frontières sur la liberté de la presse dans le monde. Cette position n’est pas le fait d’une amélioration à la française, mais d’une détérioration majeure de ce droit dans de nombreuses nations. La loi sur le secret des affaires de 2018 a provoqué un fort risque d’autocensure des journalistes quand les amendes opposables sont gigantesques pour la quasi-totalité de la presse indépendante.

Aujourd’hui, 9 milliardaires possèdent 80% de l’audience télévisuelle et radiophonique, leur influence sur l’opinion publique est majeure. Ils ne vont certainement pas proposer une sortie du capitalisme.

Face aux conflits d’intérêts des multinationales patronnes de presse et face à la volonté de l’armée de garder secret ses dossiers, la presse indépendante, bien que fragile, semble le seul rempart à la désinformation.

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