LA MONTÉE DES EAUX N'ATTENDRA PERSONNE, MÊME PAS LA FRANCE

Alors que la communauté scientifique s’inquiète d’une montée des eaux plus rapide que précédemment envisagée, la France ne semble pas avoir encore bien pris la mesure du problème et les conséquences pourraient être désastreuses. Rien qui ne puisse inquiéter certains de nos élus.
Il y a quatre ans à Dieppe en Normandie, des risques de submersion marine, conséquences de la montée des eaux, forcent la suspension d'un projet d’aménagement urbain de 4 hectares. Le maire, Nicolas Langlois, en négocie la reprise auprès de l’Etat et obtient même un statut de « zone à règlementation spécifique ». Il commande alors une étude d’impact actualisée pour adapter les plans aux risques d'inondations.

Sauf que d’après l’avis de la Mission régionale d’autorité environnementale de Normandie (MRAE), le travail a été bâclé. La MRAE peine à « appréhender facilement, voire [à] comprendre, l’objet de cette nouvelle étude d’impact globale. » Qu’à cela ne tienne, à en croire M. Langlois dans l’Express, les travaux sont prévus pour 2022.
UN MANQUE DE VOLONTÉ POLITIQUE ET DE MAUVAISES MÉTHODES
Quand la protection du littoral français n’est pas grossièrement occultée comme à Dieppe, reste que les méthodes actuelles n’arrêteront pas le recul du trait de côte. On construit, on enroche, on bétonne des digues et on réensable des plages. L’ingénierie nous sauvera.
En 2012, le gouvernement a lancé une stratégie nationale de gestion des risques d’inondation, accompagnée, pour une meilleure planification urbaine, de plans de prévention des risques littoraux (PPRL) attribués à plus de 300 communes. Mais près de 40 % de ces plans dorment encore sur un bureau, comme sur celui d’Edouard Philippe au Havre, qui préfère « concilier protection des populations et développement urbain ». On construit sans savoir ce qui aura les pieds sous l’eau.
L’HEURE N’EST PLUS À LA CONCILIATION
De récentes avancées dans l’observation de la fonte glacière font envisager aux scientifiques une montée des eaux de 1 mètre d’ici à 2100, voire plus. Les fameux PPRL, eux, tablent sur 60 cm. Submersions marines, forte érosion, inondations de zones humides ou encore salinisation des eaux à l’intérieur des terre sont des phénomènes que l’on pourra voir se multiplier bien plus vite que prévu.
Les initiatives de repli des populations et des activités sont en fait les plus réalistes, mais elles sont encore trop marginales en France. Faire entrer la mer dans les terres et devoir relocaliser fait peur aux habitants comme aux élus. Ils manquent d’outils financiers et juridiques pour mettre en place ces idées, pourtant bien plus viables que la construction de digues artificielles.
Comment rembourser les habitants expropriés ? Où reloger les activité industrielles, commerciales, agricoles ? Si nos élus continuent de « concilier », près d’1,4 millions de Français devront trouver les réponses à ces questions et faire face aux submersions, aux glissement de terrain et aux inondation dans une urgence systématique.
