Le Bois du Barde à Mellionnec : transmettre la transition

« J’ai toujours voulu faire ce que je fais aujourd’hui », explique Anne-Laure, fondatrice du lieu avec Gilles, qui vit ici depuis 1976. Le Bois du barde (Coat an Bars en Breton) est à l’origine un projet économique et familial qui débute dans les années 2010, sur 25 hectares de vergers, prairie naturelle, zones humides et bois, et a réussi à se transformer en projet collectif. Les grandes étapes de cette aventure sont relatées sur le site www.leboisdubarde.bzh :
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2009 : création de l'association Les amis du Bois du Barde pour les activités culturelles et pédagogiques (qui deviendra l'association Koed Barz)
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2011 : création de la ferme de Coat an Bars pour l’activité arboricole
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2014 : le lieu se rattache au réseau des Oasis du mouvement Colibris
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2017 : création de l’association Breizh Coopération pour les formations
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2018 :création de l’entreprise « Le Champ du Barde » pour la partie accueil-camping
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2018 : le lieu devient un Pôle territorial de coopération économique (PTCE), association regroupant les deux entreprises et les deux associations, qui se complètent et se renforcent l’une l’autre. C’est un des rares PTCE basés sur une exploitation agricole. Le Bois du Barde est un des premiers lieux à mixer ferme, PTCE et habitat partagé.
Le projet décrit dans la « Charte d’accueil » est de transmettre les transitions : transmettre le lien à notre environnement, à la nature, et à d'autres façons de faire, de vivre et de savoir être. Le Bois du barde propose à ses habitants et ses visiteurs de se « cultiver » eux-mêmes, dans une démarche de permaculture humaine et sociale qui nous rend attentif à soi et aux autres : quel sens chacun veut-il donner à sa vie, quels sont ses besoins, quelle place peut-il prendre dans la communauté ?
Le lieu est actuellement sous la responsabilité d’Anne-Laure, Nicolas et Gilles.
Gilles a la responsabilité des animaux, des vergers et de l’entretien des terres. Anne-Laure est sur la production agricole, la transmission de la transition et les liens avec des partenaires régionaux et nationaux. Nicolas est sur les liens avec les partenaires locaux, l’accueil touristique et les colonies de vacances d’avril à début novembre.
Anne-Laure a un parcours d’éducation populaire et s’est formée entre autres à l’UBAPAR (Union Bretonne pour l'Animation des Pays Ruraux).
Jusqu’à 2014-2015, Anne-Laure et Gilles se sont investis seuls dans le projet. Puis des WWOOFers les ont rejoints, puis des salariés associatifs. « Ces différents accueils nous ont permis de nous tester ensemble et de construire les bases de notre fonctionnement collectif, explique Anne-Laure. C’est à partir des difficultés et des conflits que nous avons traversés que nous nous sommes demandés : "comment ne pas les reproduire ?" et que nous avons élaboré les règles de notre organisation en s’inspirant de la sociocratie, et en particulier, avec Marie Dumont, notre "système restauratif" qui permet, suite à une mésentente ou à un conflit, de recréer le lien. »
Après la séparation d’Anne-Laure et Gilles en 2018, vient l’idée d’accueillir d’autres habitants permanents. Leur nombre est monté jusqu’à 12 en 2021, ils sont 6 aujourd’hui : Anne-Laure et Gilles, leurs trois enfants, et Nicolas. La plupart des anciens habitants résident aujourd’hui alentour et restent proches du projet.
Nicolas est arrivé l’été 2020, en provenance de Montpellier et avec un Diplôme d'État à la Jeunesse, à l’Éducation Populaire et au Sport obtenu avec les CEMEA. Il travaillait alors sur un projet de transmission d’entreprise en coopérative, qui n’a finalement pas abouti, suite à des tensions entre les porteurs du projet. Il a alors découvert Le Bois du Barde et a décidé de s’y investir. Depuis 2021, Nicolas occupe à mi-temps un poste de coordinateur du PTCE.
L’ambition du lieu est que chacun de ses habitants puisse percevoir au moins un mi-temps rémunéré par la production et les différentes activités, en sachant que beaucoup de moyens matériels nécessaires au quotidien sont mutualisés (pour lesquels les habitants versent une participation consciente de 150€/mois à minima). Dans le prévisionnel du PTCE, 9 mi-temps sont prévus pour 2026.
« Nous ne sommes pas dans une recherche active de nouveaux habitants, explique Anne-Laure, mais nous sommes ouverts à de nouvelles personnes qui souhaiteraient s’investir dans le projet, ou de nouveaux collaborateurs dans le cadre du PTCE. »
On l’aura compris, les actions et dimensions du projet sont multiples. Citons-en deux dernières : la recherche-action sur l'Indicateur de Capacité Relationnelle, sur la place des Communs (avec le Campus de la Transition, la Coopérative Oasis, etc.) et l’accueil de publics éloignés du monde rural et alternatif, avec des associations d’éducation populaire (Exemple : Une Coopérative Jeunesse avec l'Académie des Pluriels).