Énergie Partagée : catalyseur de transition

2022 et 2023 ont été marquées par des records de températures et une prise de conscience accrue des enjeux environnementaux. Face à l’urgence climatique et au besoin de sortir des énergies fossiles, Énergie Partagée propose une production d'énergie renouvelable, mais aussi citoyenne.

Éolienne par Energie partagée
Éolienne © Énergie partagée

La crise climatique, provoquée par une surconsommation majoritairement issue des énergies fossiles, appelle à une révolution. L’été 2023 a pulvérisé le record de températures mondiales moyennes, selon l'observatoire européen Copernicus. Alors que nous l’attendions pour la fin de la décennie, nous avons déjà frôlé l'objectif des +1,5° par rapport à l’ère préindustrielle. Partout dans le monde, le réchauffement climatique provoque des catastrophes à répétition.

Si le ralentissement de la consommation et de la production, et donc des dépenses énergétiques, est un levier indispensable pour limiter la casse, la production d’énergie renouvelable fait aussi partie de l’équation. Énergie Partagée s'inscrit dans cette dynamique, et va plus loin, en mettant l'accent sur l'implication citoyenne et locale.

C’est un mouvement créé en 2010, reposant aujourd’hui sur trois piliers : une association, un fond d'investissements et une coopérative. Marc Mossalgue, responsable de la communication, suit une carrière dédiée à la protection de l'environnement. Aujourd’hui, il diffuse et sensibilise ses auditeurs à ce projet. Nous l’avons rencontré.

Votre mouvement est divisé en 3 branches. Quel est le rôle de chacune de ces branches ?
Le premier est l’association, qui porte, on va dire, le projet politique. C’est elle d’ailleurs qui a défini ce qu’était l’énergie citoyenne dans sa charte de 2010. Assez rapidement, on s’est aperçu que les projets d’énergie citoyenne avaient besoin d’investissements. Certes, il y avait de la formation dans le projet, mais il fallait aussi trouver de l’argent et parfois en grande quantité, donc on a créé un outil d'investissement. Puis, on s’est rendu compte qu’il fallait qu’on déploie, autour des projets, une expertise partenariale et financière. Que ça ne suffisait pas qu’on les accompagne dans les phases d’amont, mais qu’il fallait aussi qu’on prenne part à ces projets, qu’on soit tiers de confiance. Et donc on a créé cette coopérative.

Vous parlez souvent d’énergie citoyenne. Pourquoi ce terme ?
Le mouvement place les citoyens au cœur de la transition énergétique. En devenant actionnaires ou porteurs de projets, ils participent activement à la production d'énergie renouvelable et à la prise de décisions. Ce modèle participatif contribue non seulement à la réappropriation collective des enjeux énergétiques, mais il renforce aussi le lien entre les citoyens et leur environnement.
Il faut aussi parler de la partie investissement. Moi, c'est comme ça que je suis arrivé sur le projet. Dans le monde de l’écologie, on est peu habitué à confier son argent, et depuis je me suis dit que ce levier est une manière d’agir très concrètement. C’est la même logique que Terre de liens et Habitat et humanisme. C’est vraiment un aspect qu’on a du mal à diffuser et qui pourtant ne fait pas prendre de risque énorme.

Avec quelque 326 projets, Énergie Partagée produit 1100 Gwh / an. L’équivalent de 0,28 % de l’énergie nucléaire française. Comment regardez-vous ce chiffre ?
(Rire) c’est un chiffre qui est bien supérieur à ce qu’il était les précédentes années, mais il est insatisfaisant pour quelqu’un qui voudrait couvrir l’ensemble de la consommation d’électricité en France, or ce n’est pas vraiment notre cas. On est bien conscient que la transition énergétique ne peut pas se faire qu'avec des projets citoyens. Nous, ce qui nous intéresse davantage, c’est de faire infuser des méthodes et des approches de projets territoriaux qui intègrent beaucoup plus les habitants (et plus tôt). Qui intègre les acteurs de manière beaucoup plus équilibrée, et que les citoyens aient voix au chapitre au début, au milieu, à la fin et après le projet.
Et puis dans ce chiffre, on ne voit pas notre influence. On publie des études, qui permettent à d’autres acteurs de changer leur approche. Enfin, ce sont des projets qui mettent des années à se réaliser. Ce que l’on fait aujourd’hui, on en verra les effets dans quelques années.

La France énergétique idéale, elle ressemble à quoi ?
Eh bien déjà, c'est sans doute une France où il n’y a plus d’énergie partagée. Où il n’y a plus besoin de rappeler cette logique de mise en relation. J’imagine qu’il s’agit de territoires qui ont réfléchi et déjà partagé depuis longtemps leurs contraintes, leur potentiel énergétique. Qui ont établi des plans sur plusieurs années pour produire l’énergie nécessaire à leur consommation, voire un peu plus, dans une logique de solidarité entre territoires. Qui ont développé des compétences, voire des spécialisations et qui échangent aussi entre territoires plus lointains.

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